Aspectualisation et modalisation dans le journal : l’attente et l’événement

Résumé

Le travail traite d’abord des interrelations entre modalisation et aspectualisation dans le texte journalistique. L’énonciation, en choisissant le point de vue à partir duquel les événements sont relatés (virtualisés, potentialisés ou réalisés ; au début, dans leur déroulement ou à la fin), instaure dans le discours une aspectualisation qui surdétermine la temporalisation des actions ou des états. Les catégories aspectuelles peuvent donc être analysées comme une facette de la mise en discours des structures modales invariables qui expliquent la logique des parcours narratifs. Cependant, nous abordons l’aspectualisation non seulement comme mise en discours des étapes modales des structures narratives, mais aussi comme un procès plus ample, concernant le discours, à partir de la sémiotique de ligne tensive (Zilberberg, 2006 ; 2007). Nous mentionnons les compatibilités et les incompatibilités des catégories modales et aspectuelles qui, dans le discours, favorisent l’enchaînement progressif des actions et répondent à une expectative des sujets, ou qui font surgir l’imprévu. Enfin, nous observons qu’à la fois le régime implicatif, constitutif de l’exercice, et le régime concessif de l’événement, instaurant la surprise et le choc, caractérisent le texte journalistique, qui cherche à modérer ces deux régimes (Zilberberg, 2006), en les modulant avec des renvois ou des anticipations aux événements décrits dans les éditions successives du journal. Le maintien de la curiosité et la captation de la fidélité du lecteur peuvent aussi être expliqués comme un jeu tendu/tensif de ces procédures.