De la catégorisation sociale dans l’image scientifique

Résumé

L’image scientifique est ici traitée en tant que système de signification (Groupe μ 1992, 1998) et, à ce titre, nous soutenons qu’elle comporte des implicites inhérents imprimés par des catégorisations sociales dominantes dans l’espace-temps de sa proposition. La catégorisation sociale (Van Dijk, 2008 ; Marcuschi, 2007) est conçue comme ayant une dimension praxéologique, culturelle et cognitive et comme se fondant – en l’alimentant – dans l’épistémè, qui régit un univers sociolectal où elle opère une espèce de « sémiose orientée » vers la lecture des phénomènes naturels et sociaux, en produisant des explications compatibles avec les connaissances et les limitations – techniques, technologiques et idéologiques – de leur époque. L’image est employée dans les sciences comme ressource de représentation picturale concrète, mais aussi en y proposant de lectures innovatrices d’un phénomène.. Par « image scientifique », nous considérons donc tout effort de construction visuelle dans le but de compréhension et d’explication scientifique. Afin de discuter le rôle de la catégorisation sociale dans l’image scientifique, deux domaines fort distants seront abordés, chacun par le biais d’un exemple : l’astronomie, par trois modèles du système solaire proposés respectivement par Ptolémée, Copernic et Tycho Brahe ; et le statut de la langue anglaise dans la mondialisation, par la métaphore centre-marge et par le modèle avancé par Kachru (1992). Comme la langue, l’image d’un modèle scientifique ne peut pas éviter la réduction de l’objet, de l’idée ou de la théorie qu’il énonce à des variables connues, comprises et explicables (Klinkenberg 2011 a, b). Ainsi, un modèle adopté se maintiendra accepté jusqu’à ce que son degré d’opérationnalité soit mis en question par des insatisfactions explicatives importantes et qu’un modèle plus puissant, qui refuse du précédent exactement ce en quoi il lui est redevable, soit proposé et vienne le remplacer.